« Notre système de santé est encore considéré comme le meilleur au monde, mais il commence à être à bout de souffle, il faut donc penser à des évolutions, a soutenu Patrick Chamboredon, président de l’Oni. Le statu quo n’est plus possible, il n’est plus une option. » Et c’est justement pour connaître les attentes de la profession, dans la perspective de la présidentielle, que l’instance a mené une consultation du 14 au 20 janvier, à laquelle 60 000 infirmières ont répondu. 99 % d’entre elles pensent que l’avenir du système de santé doit être un thème majeur de la campagne électorale, 98 % estiment que le prochain gouvernement devra engager rapidement des réformes pour adapter le système de santé aux grands enjeux de demain, et 89 % pensent qu’en France, les politiques ne sont pas suffisamment conscients de l’urgence de réformer notre système de santé. « Cette réforme passe notamment par la reconnaissance de la filière des soignants et l’amélioration de l’offre de soins, ce qui implique une montée en compétences des infirmières », a-t-il ajouté.
L’infirmière accessible en premier recours
Autour de cette consultation, l’Oni a élaboré 66 propositions déclinées en quatre thèmes : accès aux soins et démocratie sanitaire, progression des professionnels de santé, nouveaux enjeux de la santé, et numérique.
Ainsi, les professionnelles de santé estiment à 97 % qu’il est impératif d’améliorer l’accès aux soins pour tous les Français, et 89 % que l’on n’a pas collectivement tiré les enseignements de la crise sanitaire concernant l’organisation territoriale de l’offre de soins. Face à ce constat, elles souhaitent renforcer l’accompagnement à domicile en développant l’autonomie de l’infirmière (93 %) ou encore favoriser l’accès direct aux infirmières (91 %). De son côté, l’Ordre propose de développer le premier recours infirmier, « d’autant plus qu’en France, il n’existe pas de désert infirmier, a rappelé Patrick Chamboredon. Les infirmières sont bridées par l’absence d’accessibilité en premier recours. Cela freine la prise en charge alors que 150 000 Idels et/ou en exercice mixte sont présentes sept jours sur sept dans les territoires. Le premier recours doit s’imposer car les patients n’ont pas toujours d’hôpital à proximité. » Il suggère ainsi d’instituer des ratios d’infirmières par patient dans chaque service de l’hôpital ou encore de permettre aux patients, en ville, d’être suivis directement par une infirmière référente coordinatrice des soins.
Montée en compétences
La progression professionnelle des soignants représente un autre chantier prioritaire et d’ailleurs, les IDE sont 85 % à juger efficace la construction d’un parcours de carrière pour toutes les infirmières, quelles que soient leur pratique et leur ancienneté. Elles sont également 84 % à vouloir un élargissement du champ d’exercice des compétences. En réponse à ces attentes, l’Oni plaide pour la mise en place d’une logique de progression avec l’instauration d’une « véritable » filière Licence/Master/Doctorat en soins infirmiers et une autonomie des IDE en matière de prévention, de prescription et de consultation. La réforme du décret de compétences annoncé en janvier par le ministre de la Santé, Olivier Véran, devrait faire avancer la donne, même si pour le moment, aucun calendrier n’a encore été défini par la Direction générale de l’offre de soins.
Investir dans une santé globale
Dans le domaine des nouveaux enjeux de santé publique, 95 % des IDE considèrent qu’il faut privilégier une approche de santé globale du patient en tenant compte de ses habitudes (alimentation, exercice physique) et qu’il est important de prévenir les nouveaux risques en santé. Elles sont 86 % à plaider pour une formation à ces nouveaux risques, et 83 % jugent par ailleurs essentiel de prendre en compte les enjeux environnementaux dans les pratiques libérales et hospitalières. L’Ordre s’associe à cette demande, et considère qu’elles doivent être formées aux nouveaux risques émergents et qu’il est impératif de favoriser leur bien-être au travail en lançant un programme national d’amélioration de la qualité de vie au travail et en développant les consultations de psychologues dédiées aux infirmières.
Enfin, elles sont 88 % à voir le numérique comme un moyen de moderniser le système de santé afin de renforcer les coopérations et proposer un meilleur suivi des patients. Elles estiment efficace d’intégrer le recours aux nouvelles technologies à la pratique et d’en garantir la formation (83 %). Des propositions retenues par l’Oni. « L’infirmière est souvent la médiatrice technologique pour lutter contre l’illectronisme des patients. Elle a donc un rôle important à jouer et doit s’en emparer », a soutenu le président de l’Oni.
Ces propositions seront présentées aux candidats à l’élection présentielle lorsque la liste sera officielle, le 4 mars prochain.
Laure Martin
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