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Article rédigé et publié par Actusoins le 23 Juillet 2020.
La crise sanitaire a entraîné de profondes modifications dans l’organisation des soins. Deux infirmières, l’une libérale, l’autre salariée, reviennent sur les changements engendrés dans leur quotidien.
« Pour le moment, nous n’avons pas encore beaucoup de recul sur les changements qui ont été opérés au sein du service, souligne Chloé Lecordier, infirmière en hôpital de jour en oncologie, spécialisée en hématologie, au CHU de Nantes. Et actuellement, nous fonctionnons toujours avec cette organisation particulière mise en place avec la crise sanitaire. »
Au sein de cet hôpital de jour, les équipes soignantes accueillent des patients à la journée, immunodéprimés, donc très fragiles. Pendant la crise, le service a été confronté à une problématique qui l’a contraint à se réorganiser en profondeur. « Nous avons commencé à recevoir de plus en plus de patients avec de la fièvre, raconte Chloé Lecordier. Le problème, c’est que même hors crise sanitaire, les patients que nous recevons dans le service peuvent être amenés à avoir de la fièvre. La prise en charge a donc commencé à se compliquer car nous installons habituellement les patients en chambre double, mais nous n’étions pas en capacité de savoir qui, dans le cas présent, était potentiellement porteur de la Covid-19. »
Les externes en médecine, dans un premier temps renvoyés chez eux, ont été appelés en renfort pour mener un questionnaire de triage à l’entrée du service et prendre la température des patients. « En cas de suspicion, nous allions à l’entrée du service pour tester les patients, indique l’infirmière. Puis, comme nous avons aménagé un bureau à l’entrée pour les patients suspects, nous les prenions en charge dans cette pièce, pour leur traitement chimiothérapique sous cutané. »
Cette organisation a compliqué la surveillance des patients mais a permis d’éviter la présence de deux patients dans une chambre double et les risques de contamination associés.
Un accompagnement à chaque instant
Par ailleurs, avec la crise sanitaire, les services ont en majorité interdit l’accompagnement des patients, aussi bien par les familles que par les ambulanciers, qui, en temps normal, sont d’un grand soutien. « Nous avons donc dû dédier une partie de notre travail à cet accompagnement afin notamment de rassurer les patients, de répondre à leurs questionnements », indique l’infirmière.
D’autant plus que généralement, le service dispose d’infirmières de coordination dont le rôle est justement d’accompagner le patient dans sa maladie, de réexpliquer les traitements, le déroulement des soins, les soins de confort. « Mais elles ont été réquisitionnées à d’autres postes et ne sont d’ailleurs toujours pas revenues dans le service, rapporte Chloé Lecordier. Le suivi des patients est donc moins bon qu’à l’accoutumée tout comme les propositions pour les soins de confort. »
En libéral aussi l’accompagnement des patients chroniques notamment a été renforcé. « Pour certains de nos patients, nous étions leur seul contact pendant la période du confinement », fait savoir Geneviève Lecordier, installée en libéral à Nantes.
De nombreuses auxiliaires de vie, qui n’intervenaient pas pour des soins d’hygiène, ont arrêté leur intervention au domicile des patients. Exit les courses, le ménage, la vaisselle. « Certains de nos patients fragiles et chroniques, étaient totalement perdus et nous nous sommes retrouvés à coordonner leur prise en charge sociale en appelant les Centres locaux d’information et de coordination (CLIC) ou des assistantes sociales pour mettre en place un portage de repas. »
Une situation qui a conduit l’idel a effectuer des « actes » très éloignés de son décret de compétences : nettoyage du frigo, étiquettes sur les repas pour que les patients sachent quoi manger et coordination renforcée.
Sans pour autant être rémunérée pour ce travail. « Dans notre tournée, nous prenons déjà en charge des patients précaires, mais la crise a renforcé cette précarité notamment pour ceux présentant des troubles cognitifs et sans famille, dénonce-t-elle. Chez certains, la crise a même majoré leur démence car ils étaient seuls, totalement perdus et harcelés par les informations. »
Laure Martin
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